Tomb Raider IV-V-VI Remastered : une résurrection bancale

Après la sortie en demi-teinte de Tomb Raider I-II-III Remastered, Aspyr Media s’attaque à une mission encore plus délicate : redonner vie aux trois derniers opus développés par Core Design. Tomb Raider IV : La Révélation Finale (1999), Tomb Raider V : Sur les Traces de Lara Croft (2000) et Tomb Raider VI : L’Ange des Ténèbres (2003) marquent une époque charnière pour la licence… et pas forcément pour le meilleur.

Ces épisodes sont le symbole d’un studio à bout de souffle, pressé par des deadlines intenables et des choix techniques hasardeux. Core Design enchaînait les suites sans avoir le temps de réinventer sa formule, jusqu’à un effondrement total avec L’Ange des Ténèbres, qui a précipité la reprise en main de la licence par Crystal Dynamics en 2006.

Alors, cette remasterisation peut-elle sauver des jeux minés par leur propre histoire ?

Un lifting graphique réussi, mais limité

Visuellement, le travail d’Aspyr est correct, dans la lignée du remaster des trois premiers volets. Textures affinées, éclairages revus et modélisations plus détaillées apportent un coup de jeune bienvenu. Comme pour la première trilogie, il est possible de basculer instantanément entre les graphismes d’origine et la version remasterisée, une option toujours appréciable.

Mais cette modernisation a ses limites. Certains éclairages rendent certaines zones trop sombres ou peu lisibles, obligeant parfois à revenir aux graphismes d’origine pour s’y retrouver. Ce problème est particulièrement flagrant dans Tomb Raider IV, où l’ambiance égyptienne sombre et contrastée perd en lisibilité.

Autre point frustrant : les cinématiques. Aucune amélioration réelle, hormis un passage du format 4:3 au 16:9, ce qui accentue parfois la sensation d’un rendu daté. Celles de L’Ange des Ténèbres en particulier, avec leurs animations rigides et saccades, rappellent cruellement que le jeu était déjà techniquement bancal à sa sortie.

Un gameplay toujours aussi rigide

L’un des ajouts majeurs de ce remaster, c’est la possibilité d’opter pour des contrôles dits "modernes", censés offrir une expérience plus fluide. En théorie, cela permet de diriger Lara comme dans un jeu d’action contemporain, au lieu du système "Tank" d’origine où elle se déplace comme un véhicule télécommandé.

En pratique, ce choix s’avère bancal. Le level design de ces jeux a été pensé pour des contrôles rigides et précis. Certains passages deviennent hasardeux avec le mode moderne, forçant à repasser sur l’ancienne configuration pour s’en sortir. Pire encore, les phases de poursuite en véhicule de Tomb Raider IV, déjà laborieuses à l’époque, n’ont reçu aucune amélioration.

Aspyr répète ici les erreurs du remaster précédent : de bonnes intentions, mais une exécution qui laisse à désirer.

Un hommage maladroit à une trilogie en déclin

Si Tomb Raider IV reste le plus abouti du lot, avec un scénario bien construit et des énigmes mémorables, Sur les Traces de Lara Croft souffre d’un manque de cohérence et d’une impression de recyclage permanent. Quant à L’Ange des Ténèbres, il témoigne du chaos dans lequel Core Design s’est enlisé : un gameplay frustrant, un scénario inachevé et un développement précipité.

Aspyr a pourtant essayé de sauver ce dernier opus en ajoutant des lignes de dialogue coupées, un tutoriel inédit et quelques ajustements de gameplay. Mais ces retouches ne suffisent pas à masquer les lacunes d’un jeu qui, même avec une restauration soignée, peine à convaincre.

En fin de compte, Tomb Raider IV-V-VI Remastered n’est pas un ratage total, mais il ne fait que souligner les failles de ces épisodes plutôt que de leur offrir une véritable rédemption. Un retour en demi-teinte pour une Lara qui méritait mieux.