Resident Evil : Operation Raccoon City, l’histoire méconnue du reboot avorté

Resident Evil : Operation Raccoon City, l’histoire méconnue du reboot avorté

En 2012, Capcom sortait Resident Evil: Operation Raccoon City, un jeu d’action en coopération qui, malgré des ventes correctes, a été largement critiqué. Ce que l’on sait moins, c’est que ce projet devait initialement être un reboot total de la saga, avant d’être brutalement dévié de sa trajectoire.

Un projet né dans un contexte difficile

L’histoire commence en 2009, à une époque où Capcom cherche à s’imposer sur le marché occidental. Keiji Inafune, alors en charge de la production globale, est convaincu que le Japon a pris du retard sur les États-Unis. Il multiplie donc les collaborations avec des studios occidentaux (Dead Rising 2, Bionic Commando) et explore de nouvelles pistes pour relancer Resident Evil.

C’est dans ce cadre que Slant Six Games, un studio canadien, propose une vision radicalement différente de la franchise. Adam Bullied, scénariste et game designer recruté pour l’occasion, imagine un jeu inspiré de The Walking Dead, où la peur naîtrait d’un univers ultra-réaliste et brutal. Son concept : une ville infestée de zombies, des civils luttant pour leur survie, et une ambiance oppressante bien plus sombre que ce que la saga avait connu jusqu’ici.

Lors de la présentation du projet à Capcom, tout ne se passe pas comme prévu. Inafune, réputé pour son franc-parler, n’hésite pas à humilier Bullied devant toute son équipe. Pourtant, contre toute attente, Capcom valide l’idée et invite Slant Six à Tokyo pour signer officiellement le projet.

Un reboot saboté de l’intérieur

Le développement avance, mais en 2010, coup de théâtre : Keiji Inafune quitte Capcom après un violent désaccord interne. Son départ marque un tournant pour Slant Six, qui perd son principal soutien. Son successeur, Katsuhiko Ichii, rejette la vision occidentale du projet et impose une refonte complète. Exit l’idée du reboot : Operation Raccoon City doit désormais s’intégrer au lore existant, devenant un simple spin-off.

Le studio se voit imposer des délais intenables et doit réécrire une grande partie du jeu en urgence. Adam Bullied est même licencié pour "divergences créatives". Quand le jeu sort en 2012, il est loin de l’ambition initiale : mal fini, bancal dans son exécution, il reçoit un accueil mitigé. Pourtant, avec deux millions de copies vendues en un mois, le potentiel était bien là.

Mais Capcom refuse d’aller plus loin. L’éditeur abandonne toute suite possible, et Slant Six, affaibli par des licenciements, ferme définitivement ses portes en 2013.

Une occasion manquée pour Resident Evil

Aujourd’hui, Resident Evil a su rebondir avec des titres comme Resident Evil 7 et Village, renouant avec ses racines horrifiques. Mais l’histoire d’Operation Raccoon City reste un fascinant témoignage des tensions entre vision japonaise et influence occidentale dans l’industrie du jeu vidéo. Un reboot avorté qui aurait pu tout changer.

Yannis Catounaud
A propos de l'auteur

Yannis Catounaud

Je suis passionné par les jeux vidéo depuis mon plus jeune âge. Mon amour pour l'univers numérique m'a conduit à explorer constamment les dernières avancées dans le monde des smartphones, tablettes, ordinateurs et bien d'autres gadgets technologiques. Armé d'une curiosité insatiable, j'aime dévoiler les dernières tendances et innovations, partageant avec enthousiasme mes découvertes avec la communauté en ligne. Mon engagement envers l'exploration constante des frontières de la technologie me permet de présenter aux lecteurs un aperçu captivant de ce que le futur numérique nous réserve.