Quand l’intelligence artificielle franchit la ligne rouge : des auteurs s’insurgent contre Meta
- 07/04/2025 à 22:22

Le 3 avril, une vague de colère a déferlé devant les bureaux londoniens de Meta, à King's Cross. Plusieurs écrivains britanniques s’y sont rassemblés pour dénoncer l’utilisation de leurs œuvres par les modèles d’intelligence artificielle de l’entreprise. Leur accusation est grave : Meta aurait utilisé une gigantesque base de données de livres piratés, Library Genesis (ou LibGen), pour entraîner ses IA, sans aucune autorisation.
Cette bibliothèque numérique illégale, bien connue dans le milieu, contient plus de 7,5 millions de livres. Et selon The Atlantic, Meta aurait sciemment intégré ce contenu à ses modèles, avec l’aval direct de Mark Zuckerberg. Parmi les manifestants, on retrouve des figures majeures comme les romancières Kate Mosse et Tracy Chevalier, le poète Daljit Nagra, ou encore le romancier AJ West, tous unis par un même sentiment : l’injustice.
"Voir mes livres livrés au monstre de l’IA, c’est comme si je m’étais fait agresser", confie AJ West, profondément choqué.
Un cri d’alarme pour les droits d’auteur
La colère des écrivains ne repose pas uniquement sur la question de l’argent. C’est une affaire de respect et de reconnaissance du travail créatif. Rédiger un livre peut prendre des mois, voire des années. Le voir absorbé par une IA sans autorisation ni rémunération est vécu comme un véritable vol intellectuel.
Vanessa Fox O’Loughlin, présidente de la Society of Authors (SoA), ne mâche pas ses mots :
"Ce que fait Meta est illégal, choquant et dévastateur. Leur IA pompe nos livres pour générer du contenu qui pourrait même finir par nous remplacer."
Une lettre de protestation a été remise aux représentants de Meta au Royaume-Uni, et envoyée également au siège américain. Une pétition lancée en parallèle a déjà recueilli plus de 7 000 signatures. La SoA demande également l’intervention du gouvernement britannique pour faire comparaître les dirigeants de Meta devant le Parlement.
Meta se défend… mais ne convainc pas
De son côté, Meta affirme respecter la législation actuelle et les droits de propriété intellectuelle. Mais cette défense ne suffit pas à calmer les esprits, d’autant qu’un document judiciaire américain révèle que les dirigeants de l’entreprise étaient parfaitement au courant du caractère illégal de LibGen.
Anna Ganley, directrice de la SoA, résume l’indignation des créateurs :
"C’est déjà grave que ces bibliothèques pirates existent. Mais qu’une multinationale les exploite pour nourrir son IA, c’est un double affront."
Une bataille qui dépasse les écrivains
Au cœur de cette affaire, il ne s’agit pas seulement de défendre un revenu ou une œuvre, mais l’idée même de création. Si les géants de la tech peuvent se servir sans demander, quelle place restera-t-il pour les artistes, les auteurs, les humains ?
La résistance s’organise, et Meta pourrait bientôt devoir rendre des comptes.
Après tout, même dans le monde numérique, on n’a pas le droit de copier-coller sans permission.

Que ce soit à travers des critiques objectives, des guides d'achat ou des analyses approfondies, je m'efforce de rendre la technologie accessible à tous, en démystifiant les concepts complexes et en mettant en lumière les aspects pratiques de ces innovations. Mon travail consiste également à partager des réflexions sur l'impact de la technologie sur notre vie quotidienne et à explorer les possibilités fascinantes qu'elle offre pour l'avenir.
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