Test de Monster Hunter Wilds : Une aventure épique mais trop accessible ?

Préparez-vous à explorer les vastes étendues des Terres Interdites dans Monster Hunter Wilds. Ces territoires sauvages vous offrent des paysages variés et magnifiques : des plaines venteuses luxuriantes, un étrange Bassin pétrolier cachant sa beauté aux plus téméraires, ou encore une impressionnante falaise de glace renfermant de nombreux secrets. Mais attention, ces régions appartiennent avant tout aux monstres qui y règnent en maîtres - imaginez l'Australie, et vous y êtes presque !

Après plus de 50 heures de jeu et un Rang de Chasseur 60, nous sommes prêts à vous livrer notre verdict sur ce nouvel épisode qui tente de rendre la série plus accessible aux nouveaux venus, parfois au détriment des chasseurs expérimentés.

Une histoire qui prend de l'ampleur

L'une des premières nouveautés qui vous sautera aux yeux concerne la mise en scène narrative. Contrairement aux précédents opus où l'histoire restait anecdotique, Monster Hunter Wilds propose une véritable trame narrative. Votre chasseur expérimenté accompagne un jeune enfant de la tribu des Veilleurs, retrouvé errant dans le désert. Ensemble, vous devrez retrouver les traces de son peuple, découvrir l'identité de la créature qui les a attaqués, et comprendre les anomalies qui affectent les différentes régions.

Si cette histoire reste relativement classique et sert principalement à structurer la découverte des environnements et des mécaniques de jeu pendant une quinzaine d'heures, elle soulève toutefois des questions intéressantes sur le rôle des chasseurs dans cet univers, leur impact sur la nature et leurs choix parfois arbitraires. Les personnages qui vous accompagnent sont attachants et bien réalisés, même si le jeune Nata peut parfois agacer avec ses caprices constants.

Cette narration est sublimée par un doublage de qualité dans toutes les langues disponibles, avec une mention spéciale pour Cécile Gatto (la voix d'Hugo dans Plague Tale) qui incarne parfaitement Nata en français. La bande sonore est également remarquable, alternant entre mélodies épiques pour les combats et compositions plus posées et travaillées pour les cinématiques - avec une mention particulière pour le thème du personnage Ronin.

Des déplacements repensés et un monde organique

Monster Hunter Wilds vous propose d'explorer cinq régions différentes, chacune avec ses particularités. Contrairement à ce qui avait été annoncé, vous ne pourrez pas installer votre camp provisoire n'importe où, mais uniquement à des emplacements spécifiques que vous débloquerez progressivement. Ces camps perdent d'ailleurs en utilité puisqu'il est extrêmement simple de rejoindre le camp de base, que ce soit par voyage rapide ou grâce à votre monture Seikret.

Les régions sont remarquablement conçues et organiques, avec un design intelligent et cohérent. Les indices visuels vous guident naturellement : une lueur rougeâtre dans le Bassin pétrolier vous orientera vers un monstre de feu, tandis que la présence de toiles d'araignées dans la Forêt écarlate vous indiquera la présence de la redoutable Lala Barina.

Une accessibilité qui simplifie peut-être trop l'expérience

Si vous avez trouvé Monster Hunter Rise trop facile, sachez que Wilds ne répondra pas à vos attentes de challenge. Le jeu cherche toujours plus à faciliter l'accès aux nouveaux joueurs, parfois au détriment des vétérans en quête de défis stimulants.

Le Seikret, disponible dès le début de l'aventure, devient votre fidèle compagnon. Il peut porter une deuxième arme, vous fournir une sacoche de ravitaillement remplaçant le coffre habituel, et même vous permettre d'affûter votre arme ou de consommer des potions tout en vous déplaçant. Mais sa principale force réside dans sa disponibilité permanente sur le terrain : une simple pression sur une touche directionnelle, et il arrive à toute vitesse pour vous prendre automatiquement sur son dos et vous éloigner du danger.

Cette mécanique élimine pratiquement le risque de subir des combos mortels de la part des monstres. De plus, la sacoche de ravitaillement se remplit en pleine mission, vous donnant accès gratuitement à des soins supplémentaires sans avoir à retourner à un camp.

Le nouveau "mode Focus" rend les combats plus spectaculaires mais aussi plus faciles. En visant et touchant une blessure illuminée en rouge sur un monstre, vous déclenchez une attaque Focus qui inflige d'importants dégâts et peut faire tomber votre cible. Cette attaque offre également une large fenêtre d'invincibilité, ce qui en fait souvent une meilleure option que d'esquiver ou de parer. Les blessures étant nombreuses et faciles à créer, il devient possible d'enchaîner ces attaques sans laisser la moindre chance à certains monstres.

En tant que joueur de Volto-Hache avec une préférence pour les armes paralysantes, j'ai parfois été surpris de voir des monstres mourir sans avoir pu réaliser une seule action, et ce sans même avoir pris la peine de me préparer correctement avant le combat.

Des repas savoureux et efficaces

Le système de repas a été particulièrement soigné et offre d'excellents avantages. Vous pouvez préparer un repas dans votre campement ou profiter d'un grand banquet si vous avez développé des liens avec les différents clans des Terres Interdites. Le système est intuitif : un simple coup d'œil à l'onglet "Repas" vous indique si les effets d'un précédent repas sont toujours actifs. Les grands banquets offrent des bonus importants sur une longue durée, tandis que vos repas personnels permettent de personnaliser les attributs que vous souhaitez améliorer pour une mission spécifique.

Une expérience trop facile pour les vétérans ?

Ces différentes améliorations rendent l'aventure plus dynamique et parfois épique, notamment lorsque votre fidèle monture vous sauve in extremis. Cependant, une fois l'effet de nouveauté passé, j'ai réalisé que je n'avais perdu aucun combat en plus de 50 heures de jeu, même face à plusieurs Monstres de Haut Rang après avoir terminé la campagne. Seul un monstre m'a demandé une vigilance particulière.

Capcom s'est mis dans une position délicate en cherchant à faciliter l'expérience de jeu. Si dans Rise, le filoptère et le Chumsky permettaient d'éviter rapidement un monstre, c'est désormais le Seikret qui remplit cette fonction. Mais le studio a également ajouté des facilitations offensives, rendant le jeu encore plus simple. Il semble difficile d'imaginer un retour en arrière dans les futurs épisodes, car supprimer ces mécaniques pourrait être perçu négativement par une partie de la communauté.

Un bestiaire satisfaisant mais sans surprise

Côté bestiaire, Monster Hunter Wilds propose un nombre de monstres équivalent à celui de Monster Hunter World à sa sortie, avec un équilibre similaire entre nouvelles créatures et monstres classiques. Certains choix sont surprenants, notamment l'inclusion de versions alternatives de certains monstres plutôt que leurs versions originales. On note également l'absence de certaines créatures emblématiques qui auraient pu avoir leur place dès le lancement, comme le Diablos qui se serait parfaitement intégré dans les zones ensablées des plaines venteuses.

Il est toutefois difficile de critiquer cet aspect, car nous savons que Capcom ajoutera régulièrement de nouveaux monstres, jusqu'à l'arrivée probable d'un DLC majeur introduisant de nouvelles menaces et mécaniques. On peut cependant reprocher au studio d'avoir révélé trop de monstres dans les bandes-annonces avant la sortie, gâchant l'effet de surprise.

Un monde vivant et cohérent

L'univers de Monster Hunter Wilds est plus organique et vivant que jamais. Il donne l'impression de fonctionner même lorsque vous ne jouez pas : les prédateurs chassent leurs proies, les animaux migrent vers des zones plus adaptées à leurs besoins lorsque l'environnement change, ils fuient et se cachent lorsque l'anomalie climatique survient, annonçant l'apparition de l'Apex (ou prédateur ultime). On comprend même que certains monstres ont fui une région pour une autre dans l'espoir de devenir le prédateur dominant de ce nouvel écosystème.

On aurait toutefois apprécié que nos chasses répétées sur un même monstre aient un impact sur l'écosystème, réduisant par exemple l'apparition de cette créature. De même, les Monstres Alphas, présentés comme des survivants de nombreux combats portant de lourdes cicatrices, auraient pu bénéficier d'un système plus élaboré intégrant nos précédentes rencontres, à l'image du système de némésis de "L'Ombre du Mordor".

Équipement et contenu de fin de jeu

Côté équipement, on retrouve le système habituel avec des armures à fabriquer et des arbres d'armes à améliorer grâce aux ressources obtenues en chassant des monstres. La forge semble plus rapide que par le passé, grâce à un plus grand nombre de ressources récoltées en fin de quête. Une nouveauté cependant : le jeu vous oblige désormais à forger certaines armes avant de pouvoir en créer d'autres, même pour des monstres sans lien apparent.

Le contenu de fin de jeu, bien que relativement simple, est riche. En affrontant des monstres de haut rang et d'autres créatures non rencontrées pendant la campagne, vous débloquez de nouvelles fonctionnalités. Vous pouvez fabriquer de nouvelles armes, perfectionner les anciennes et personnaliser davantage votre équipement. Les habitués retrouveront des éléments familiers comme les Monstres Alpha, qui permettent de créer des armes "Artians" une fois suffisamment de composants rares récoltés, ou les quêtes d'investigation qui vous laissent chasser librement des monstres dont vous avez collecté des indices lors de précédentes explorations.

Une expérience multijoueur fluide

Le multijoueur fonctionne remarquablement bien, que ce soit avec des amis ou via le matchmaking. Si vous ne trouvez pas d'alliés pour votre quête, les PNJ du jeu vous rejoignent automatiquement, à l'instar des Parangons dans Rise. Ces compagnons sont efficaces et vous aideront à vous soigner, attirer l'attention des monstres quand nécessaire, et même poser des bombes face à une cible endormie si vous montrez l'exemple. Leur utilité est telle que certains joueurs pourraient préférer jouer hors ligne avec ces PNJ plutôt qu'avec de vrais joueurs.

Un bilan technique contrasté

Testé sur PS5 et PC, Monster Hunter Wilds est avant tout fluide, ce qui est essentiel pour un jeu de cette franchise. Sa direction artistique est sublime, vous invitant parfois à vous arrêter en pleine chasse pour contempler un paysage ou une luminosité particulière. La forêt écarlate, notamment, impressionne par sa beauté et sa richesse de détails, quelle que soit la période climatique.

Cependant, en y regardant de plus près, le jeu rejoint la liste des titres "beaux de loin mais loin d'être beaux". En observant les détails, particulièrement sur console, vous remarquerez des textures floues. Nous avons également constaté des problèmes de clipping, notamment lors des chargements de zones ou de missions après les cinématiques. Rien d'insurmontable cependant, et qui pourrait être corrigé par de futurs correctifs. Les cinématiques, quant à elles, sont de grande qualité et mettent en valeur votre chasseur personnalisé dans des scènes souvent grandioses.

Verdict

Monster Hunter Wilds est un très bon épisode qui pourrait devenir excellent avec le temps, grâce au contenu à venir et à un probable DLC. Pour l'instant, nous avons entre les mains un jeu grisant, à la mise en scène impressionnante et au gameplay plus explosif que jamais, qui vous donne une sensation enivrante de puissance au point d'inverser les rôles entre prédateur et proie.

Toutefois, il ne satisfera peut-être pas les fans les plus exigeants en raison d'un manque de défi et d'une accessibilité qui simplifie encore l'expérience, ainsi qu'un bestiaire qui peut sembler un peu léger face aux attentes. Les nouveaux venus trouveront peut-être certains aspects encore austères, mais ils bénéficieront d'une assistance optimale pour débuter leur aventure dans cet univers plus organique et fluide que jamais.