Test de South of Midnight : une aventure envoûtante entre magie, folklore et émotions

Compulsion Games revient sur le devant de la scène avec South of Midnight, une expérience vidéoludique à part. Connu pour We Happy Few et Contrast, le studio change totalement de cap avec un jeu d’aventure narratif profondément ancré dans le folklore du sud des États-Unis. Plus qu’un simple jeu indépendant, South of Midnight vous propose une immersion rare, portée par une direction artistique audacieuse et une ambiance musicale inoubliable.

Hazel, entre ombres et lumière

L’histoire nous entraîne aux côtés de Hazel, une jeune femme plongée dans une Louisiane post-catastrophe où le réel et le fantastique s’entrelacent. Dotée de mystérieux pouvoirs de "tisseuse", elle peut réparer les blessures intérieures des âmes qu’elle croise. Son objectif : comprendre ce qui est arrivé à sa région et retrouver sa mère disparue. Mais chaque rencontre, chaque pas dans ce bayou mystique, la confronte à des vérités plus grandes encore.

Un style visuel affirmé mais inégal

Ce qui frappe d’emblée, c’est la patte artistique du jeu : une animation volontairement hachée à 12 images par seconde, façon stop-motion, qui donne une identité unique à l’ensemble. On pense au cinéma de Guillermo Del Toro ou à certains contes animés sombres et poétiques. Cette esthétique fonctionne très bien en cinématiques, un peu moins en gameplay, où quelques lenteurs et problèmes techniques viennent entacher l’expérience — notamment sur Xbox Series S, où les temps de chargement se font sentir.

Les environnements sont superbes, entre zones naturelles foisonnantes, villages aux airs de légende et ruines hantées. La diversité des personnages est à saluer, avec des designs qui reflètent leur histoire et leur personnalité. Mais quelques choix de level design un peu datés (murs invisibles, zones fermées artificiellement) viennent rappeler que tout n’est pas aussi magique qu’il y paraît.

Un gameplay accessible, presque trop

Pas de mécaniques complexes ici : South of Midnight mise avant tout sur la narration. L’aventure se découpe en chapitres façon conte moderne. Exploration, dialogues, combats légers et résolutions d’énigmes se succèdent dans un rythme plutôt calme. Les combats manquent d’originalité, tout comme les quêtes secondaires et l’arbre de compétences, assez basique. En revanche, la richesse des récits et des personnages vient compenser cette simplicité en gameplay.

Hazel n’est jamais seule. Une mascotte parlante, Barbotte, l’accompagne et rythme les événements avec humour et sagesse. Chaque rencontre pousse à s’interroger : s’agit-il d’une vision ou de la réalité ? Le jeu joue avec cette frontière sans jamais perdre le joueur.

Une déclaration d’amour à la culture louisianaise

Là où South of Midnight brille vraiment, c’est dans sa manière de capturer l’essence de la Louisiane. Chaque créature, chaque lieu, chaque légende sent bon le folklore du bayou. On pense forcément à La Princesse et la Grenouille, mais ici l’approche est plus adulte, plus brute, parfois même inquiétante.

Le travail sonore est tout simplement remarquable. Signée Olivier Derivière (A Plague Tale, Dying Light 2), la bande-son est un véritable bijou de swamp pop, de country cajun et de zydeco. Chaque chanson semble écrite pour un personnage ou une scène précise. Elles accompagnent l’action, les émotions, et rendent certaines séquences inoubliables. L’affrontement contre un crocodile géant en est le parfait exemple : intense, cinématographique, et profondément ancré dans l’univers du jeu.

Verdict : une aventure à ressentir plus qu’à jouer

South of Midnight n’est pas un jeu qui mise sur des mécaniques complexes ou un gameplay profond. C’est un récit interactif, une fable moderne portée par une ambiance unique. Si vous cherchez un jeu accessible, immersif, riche en émotions et en symboles, vous y trouverez votre compte.

Techniquement, le titre aurait mérité un peu plus de polish, mais son univers, son écriture et sa musique font largement pencher la balance en sa faveur.